Les sens constituent la quintessence de la nature humaine. Ils fortifient l'être intégral de la plus jeune et infinitésimale cellule à la plus complexe et développée. Ils sont à l'intérieur de ma peau, de mon coeur, de ma tête, de tous les organes les plus profonds de mon être. Ils constituent la base de mon analyse et de la perception du monde qui m'entoure. Ils m'invitent à la participation, à l'émancipation, à l'extase ou au contraire me retranchent derrière les plus angoissantes souffrances. Ils me relient à l'univers tout entier et me protègent de ma fragilité. Leur existence est partout et permanente. Ils accompagnent l'être de sa naissance à sa mort.

Mais dans quelle mesure dois-je leur accorder ma confiance ? Jusqu'où puis-je me fier à leur réceptivité ? Sont-ils réellement fiables ou sont-ils déformés par l'expression de ma personnalité et de mes expériences passées ? Est-il possible que le message perçu soit totalement différent de mon interprétation ? Est-il possible que l'on triche avec la perception de mes sens ? Existe-t-il une capacité hallucinatoire du sens menant à une interprétation erronée ? Ma personnalité se forge-t-elle uniquement par l'action conceptuelle des cinq sens corporels ? Les sens sont-ils, sans contestation, la condition absolue du savoir ?

I. L'évidence de la connaissance par les sens.

Les messages reçus sont initialement transmis par la fonctionnalité de mes organes correspondant au cinq sens primaires de ma nature humaine. Mais puis-je me fier à l'interprétation de ce message par mon cerveau déjà affecté par ma propre mémoire olfactive, auditive, gustative, visuelle et tactile ?

Les premières expériences sensorielles qui forgent ma capacité réactionnelle se sont situées dans mes premières années de vie. Je peux affirmer que le sens auditif est la première source de la constitution de ma connaissance. Ce sont les premières auditions de la voix de ma mère qui ont stimulé mon réflexe auditif et apaisé mes