Levi-Strauss
2/Extrait d’un article de presse publié en 2009 où il décéda, à propos de son livre Race et Histoire.
« À l'heure on l'on parle de "dialogue des cultures", l'exhortation humaniste de ces deux grands ethnologues va-t-elle enfin faire son chemin dans l'opinion? • C'est en 1950, alors que la colonisation nourrissait la doxa raciste, que l'UNESCO en appela à M. Leiris, décédé en 1990, et à C. Lévi-Strauss pour dénoncer le préjugé de "race". Deux essais parurent: en 1951 celui de Leiris, l'année suivante celui de Lévi-Strauss. Tous deux apportent les preuves du caractère faussement scientifique de la notion de "race". Si l'homo sapiens s'est décliné à l'origine en trois grands groupes –blanc, jaune et noir– produits de l'hérédité biologique naturelle, dès la préhistoire et en Europe même, de nombreuses migrations les ont brassés : le métissage des traits physiques caractéristiques infirme toute théorie de "race pure". Les scientifiques ont prouvé, par ailleurs, que les différences morphologiques n'induisent aucune différence intellectuelle ni psychologique. Ces "hommes de couleur" vivaient en groupes et partageaient une culture faite d'intelligence technique, rationnelle, nécessaire pour s'adapter à un environnement naturel souvent hostile, et d'intention métaphysique propre à élaborer une cosmologie, à donner du sens tant au culte des morts qu'au lignage des vivants. Seuls les Occidentaux ont, à tort, infériorisé ces peuples, opposant leur prétendue "sauvagerie" à "la" civilisation blanche : cette dichotomie infondée entre Nature et Culture reste le drame psychique de l'occident chrétien. • C'est donc bien davantage à sa culture que chaque individu —fût-il "primitif"— doit l'essentiel de son conditionnement mental et de ses comportements. C'est cet héritage, non plus naturel mais social, qui justifie seul la diversité de ces groupes ethniques. Qui plus est, depuis la préhistoire ils se rencontrent, échangent et