Liaisons dangereuses
Olivier Garcin
Problématique
Au-delà du phénomène narratif, ce que l’on nomme communément le scénario, la réalisation d’un film adopte des points de vue formels, ce que l’on nommerait le style. L’écriture de Gus van Sant pour « Elephant » est particulière, tant par les aspects purement techniques que dans la forme de la structure narrative. Aborder un film par cet angle d’attaque permet par rapprochements successifs de le situer dans l’histoire des styles cinématographiques.
L’œuvre de GvS, Elephant, est habitée : nous pouvons y trouver une éducation, un intérêt curieux pour la forme qui se conjugue avec le narratif. Ce lien direct entre la chose qui est racontée, l’évènement, le fait, l’anecdote et la structure porteuse de cette narration, cette histoire, transporte le spectateur dans une interrogation permanente : « Qui est celui qui voit ? » C’est que la forme cinématographique qu’a adoptée là GvS n’est pas innocente : je veux dire qu’elle n’est pas affranchie de son sujet, bien au contraire, là la forme accompagne le sujet à défaut d’être le sujet comme très souvent chez les inspirateurs de GvS. En effet, s’il y a bien massacre dans ce film il ne s’agit pas de celui du cinéma, et de ses moyens (d’autant plus que l’on apprend bien vite à la lecture du dossier que ce film, bien que de cinéma, est fait pour un réseau de télévision). Il n’y a pas questionnement de la forme chez GvS, nous parlerons plutôt d’appropriation de formes déjà expérimentées par d’autres cinéastes au culot formel plus ou moins affirmé.
Mais de quelle forme parlons-nous ? Mais de celles qui font que le cinéma est un langage (voir le découpage séquentiel où sont décrits les évènements de la mise en scène caméra), un langage comme tout autre forme articulée, c'est-à-dire en évolution, structurelle et culturelle : les transformations s’opérant par les avancées technologiques (ici un usage majoritaire du procédé «Steadicam») mais aussi par