Logique épistémologique et méthodologie en sciences de gestion
Albert DAVID Université Paris-Dauphine (DMSP, LAMSADE) Ecole des Mines de Paris (CGS) Conférence de l’AIMS Mai 19991
Le statut épistémologique des sciences de gestion suscite, encore aujourd’hui, de nombreux débats. Que peut-on, en gestion, considérer comme relevant de la science ? Le management, comme il est souvent dit, ne serait-il qu’un art pratique, qui n’aurait de scientifique que ce qu’il emprunte à l’économie, à la sociologie, à la psychologie ou aux sciences cognitives ? Et n’y aurait-il de science que dans l’observation méthodique mais passive de l’action des gestionnaires ? Les travaux sont nombreux qui remettent en cause cette vision des choses. Piaget (1970) et la position de l’ingénierie dans la spirale des sciences, Simon (1981) et les sciences de l’artificiel, Checkland (1984) et la Soft Systems Methodology, Argyris (1985) et l’Action Science, Hatchuel et Molet (1986) et le rôle de la modélisation rationnelle dans la compréhension et la transformation des systèmes organisés, Le Moigne (in Martinet, 1990) et le constructivisme en sciences de gestion, Roy (1992) et la science de l’aide à la décision, Koenig (1997) et la recherche-action diagnostic, pour ne citer que ces travaux, contribuent à un fondement épistémologique et méthodologique spécifique aux sciences de gestion. Nous allons tenter, dans les lignes qui suivent, d’apporter notre contribution à ces débats scientifiques. Pour à la fois progresser dans les voies tracées par les travaux cités ci-dessus et contribuer à fédérer un certain nombre d’approches épistémologiques et méthodologiques, nous allons ici étayer trois hypothèses de travail : § Il faut considérer globalement, dans la génération des connaissances scientifiques, dépasser l’opposition classique entre démarche inductive et démarche hypothéticodéductive et considérer une boucle récursive abduction/déduction/induction. Cette boucle n’a pas besoin d’être parcourue