Lorenzaccio est-il un héros?
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Etude du polysème «héros». cf. Le Robert: 1. dans la mythologie antique, demi-dieu; par extension, personnage légendaire auquel on prête un courage et des exploits remarquables 2. à partir de 1550, celui qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire (dans le domaine des armes) 3. Homme digne de l'estime publique, de la gloire, par sa force de caractère, son génie, son dévouement total à une cause, une oeuvre 4. A partir du XVIIe s.: personnage principal (d’une oeuvre) Dans le cas de Lorenzaccio, le sens 1 ne s’applique évidemment pas; les sens 2-3 sont sujets à discussion; le sens 4 est incontestable. Lorenzaccio, personnage principal de la pièce (sens 4) - il est présent dans de très nombreuses scènes (18 sur 39), dans des endroits très différents; il s’exprime beaucoup: il aime les tirades (I,1, III,3...) et est le seul à avoir le droit à trois monologues (IV,3,5,9). Même absent, il est au centre de nombreuses conversations (cf.I,4; I,6...). Ainsi, onomastiquement, il est le personnage avec le plus grand nombre de surnoms : Renzo, Lorenzino, Renzino, Renzinacci, Lorenzetta. Il est aussi celui qui apparaît en arrière-plan (cf.I,2) - Lorenzo est un héros parce qu’il sait mener à bien son action, contrairement à Philippe Strozzi, Pierre Strozzi ou la marquise Cibo. Chacun d’eux a différé son action en raison d’un obstacle constitué par d’autres personnages (Louise pour Strozzi, Philippe et les bannis pour Pierre, le duc et le cardinal pour la marquise), alors que Lorenzo n’agit que pour lui-même et par lui-même. Lorenzaccio, personnage antihéroïque - le portrait d’un antihéros: «ce petit corps maigre, ce lendemain d’orgie ambulant [...]; ce visage morne, qui sourit quelquefois, mais qui n’a pas la force de rire» (I,4). Il apparaît comme un homme lâche, qui s’évanouit devant une épée, un compagnon de débauche, un impie: «Lorenzo est un athée; il se moque de tout.» (I,6), et même un possible homosexuel. Par