Luc de vauvenargues
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.» C’est ainsi que débute la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Ce premier article fondateur semble être en accord avec la pensée de Luc de Vauvenargues, qui a une vision très tranchée au sujet de l’égalité, non seulement chez les êtres humains, mais également dans la nature en général : « Il est faux que l’égalité soit une loi de la nature. La nature n’a rien fait d’égal ; la loi souveraine est la subordination et la dépendance. » En effet, pourquoi mettre par écrit une notion avec laquelle il n’y aurait aucun désaccord ? Selon le moraliste français, l’inégalité serait une condition à l’existence même de la vie. Celle-ci aurait permis de nombreuses avancées et une hiérarchie sur Terre. Plusieurs questions peuvent alors se poser : dans quelle mesure la soumission et la dépendance sont-elles intrinsèques à la nature ? Et n’existe-il pas des situations où l’égalité reprend ses droits ?
Les richesses du monde semblent bien mal réparties sur la planète, et ce quel que soit l’aspect que l’on choisisse de regarder ; les ressources naturelles, les aptitudes de chaque espèce, ou encore le mode de vie dans les diverses régions du globe - si on prend l’exemple de l’humain - sont autant de preuves qui vont dans le sens de Vauvenargues : la nature n’a a priori pas pourvu chacun à sa naissance des mêmes droits et capacités. Il est clair, par exemple, dans le règne animal, que les différentes espèces n’ont pas à mettre les mêmes moyens en œuvre pour se défendre ou attaquer. Face au réchauffement des océans, les différents poissons ne sont pas égaux. Les espèces n’étant pas destinées à survivre à de grands changements de