Madeleine de proust
Dans la première partie de la phrase, l’allitération en sonorités bilabiales (/m/, /p/, /b/) (l.89 à 92 : comme, Japonais, amusent, tremper, bol, porcelaine, rempli, petits, morceaux, papiers, peine, plongés) marque un balbutiement qui pourrait rappeler à la fois l’étonnement suite à une découverte surprenante (ici, le gâteau mélangé au thé), ou encore l’enfance, et donc le retour dans le passé, les souvenirs. Le champ lexical de l’eau (l.90 à 92 : « tremper », « bol », « rempli », « eau », « plongés ») ferait référence à la maternité, à l’enfance et donc aussi aux souvenirs. La succession de verbes réfléchis (l.93 : « s’étirent », « se contournent », « se colorent », « se différencient ») évoque le changement d’état des morceaux de papier : l’expression du mouvement, des formes et des couleurs prête un caractère très imagé et de plus en plus réel aux morceaux de papier. Les pronoms personnels et l’utilisation du présent renforcent cette personnification. Les morceaux de papier prennent vie, ce qui aboutit avec le verbe « devenir » et ses compléments (l.93 : des fleurs, des maisons, des personnages). De plus, trois adjectifs qualifient ces morceaux de papier (« indistincts » (l.91), « consistants » et « reconnaissables » (l.93)). Ils décrivent la progression de ce changement d’état : de l’abstrait au concret, au réel. Mais les attributs du sujet restent des termes génériques et imprécis, comme en témoignent les articles indéfinis qui les accompagnent. Dans toute cette première partie, le lecteur ressent une impression de rapidité et de concision due à l’enchaînement des termes, uniquement séparés par des virgules.
Dans la seconde partie de la phrase, l’énumération des sujets manifeste un souci de précision et de réalité. En effet, chaque nom, précédé