malade imaginaire
Autrement dit, le Malade imaginaire devrait s’interpréter à la manière d’une allégorie : comme une prétendue mise en cause de la médecine, conçue en fait pour exprimer des doutes et des convictions d’ordre religieux6. Mais cette hypothèse impose d’emblée de prendre quelques précautions, et d’écarter quelques objections.
Le sens médical, la cible médicale, ne sont pas détruits du fait qu’ils dissimuleraient une cible dévote (de nature religieuse) : le sens religieux et le sens médical coexistent. Notre lecture libertine de la pièce n’implique aucunement de remettre en cause sa perception la plus commune. Le Malade imaginaire continue de représenter une satire de la médecine alors même que nous y trouvons les marques d’une satire de la religion.
Qu’on ne voie pas là une précaution iréniste, soucieuse de ménager la tradition critique. Cette conciliation des plans repose sur une correspondance logique, dont il faut d’abord bien mesurer la teneur — ne serait-ce que pour donner leur juste portée aux rapprochements que nous serons amené à faire.
Le rationalisme s’exerce très spontanément de façon conjointe devant deux croyances — la médecine, la religion —, qui ont en commun, au XVIIe siècle, de pouvoir passer pour des superstitions. Prenons-en pour illustration cette tirade de Béralde