Fred Blake (de son vrai nom Giovanni Manzoni) s'installe avec sa famille dans une petite ville normande, Cholong-sur-Avre, pour y couler des jours paisibles et qui devraient être ordinaires. Alors que ses enfants (Belle et Warren) découvrent leur nouveau milieu scolaire et que sa femme, Maggie, s'intéresse activement à des œuvres caritatives, Fred, dans une forme de désœuvrement et de nonchalance, s'adonne aux joies de l'écriture au grand étonnement de tous. Lui qui n'avait probablement jamais ouvert un seul livre de sa vie se trouve mû d'un irrésistible besoin d'écrire, mais pas n'importe quoi, car ce sont ses Mémoires. Et il en a à raconter… « Giovanni Manzoni prônait (jusqu'alors) l'art de l'éloquence à coups de barre à mine, et les joies de la dialectique se traduisaient en général par une recherche d'arguments sophistiqués allant du chalumeau à la perceuse. » Dans ce contexte normand pourtant bien tranquille, Fred est tout de même sous la surveillance et la protection constantes d'agents du FBI. Précautions indispensables suite à ses révélations qui ont fait tomber d'éminents membres de la Cosa Nostra. Ainsi, toute la famille est depuis des années condamnée à fuir sans cesse. Dans cette fuite incessante, les enfants ainsi que la mère semblent victimes des anciens agissements mafieux du père même s'il est repenti. Alors que la personnalité de Fred est fort peu sympathique au demeurant, on se lie très facilement à sa vie et à ses mœurs. L'auteur joue bien souvent avec la dérision et la caricature, sans excès toutefois, en saupoudrant ses personnages d'un rien de ridicule, ce qui confère à l'histoire une croustillante drôlerie. À l'instar de ce rocambolesque cheminement qui mène les vengeurs à retrouver, par hasard, la trace de ce “Parrain” repenti et délateur… Et là, toute la puissance de narration de Tonino Benacquista est à son comble. J'ai adoré ! Une histoire construite comme dans bien des livres à suspense mais