Mallarmé, sainte, explication
Introduction « Sainte » est l’un des poèmes les plus représentatifs des conceptions poétiques de Mallarmé. Pourtant, rien à l'origine ne le destinait à cette consécration : « Sainte » était une pièce de circonstance composée à l'intention de la fête de la marraine de Geneviève Mallarmé, Mme Brunet, femme du maître verrier Jean Brunet, le 22 novembre 1865. Si « Sainte », écrit en décembre 1865, publié dans Lutèce, en novembre 1883, était à l'origine une pièce de circonstance, elle n'est pas solitaire dans l'œuvre de Mallarmé. Elle fait partie du deuxième cycle, celui du don : chaque poème devient offrande, comme le premier poème de ce cycle, « Don du poème », l'indique initialement. « Sainte » s'inscrit donc logiquement dans cet ensemble, puisqu'il est dédié à sainte Cécile, patronne des musiciens. Comme l'indiquait le sous-titre de la version initiale, « Chanson et images anciennes », ce poème procède de l'intention formulée par Mallarmé de « reprendre à la Musique [son] bien ». Axes de lecture : I Le choc de deux esthétiques II I Une poésie auto-référentielle III L’art poétique de Mallarmé
I Le choc de deux esthétiques (« sans le vieux santal ni le vieux livre… ») a) Le refus d'une poésie ostentatoire et représentative Refus d'une poésie de l'apparence, de l'icône (= image), de l'idole (= image), qui paraît dans le mot « ostensoir » (v. 9), de « ostendeo », exhiber, faire voir, et le participe « étalant » (v. 5) ; d’une poésie du clinquant (« étincelant », v. 3, « ruisselant », v. 6), d'un artifice désuet qui se complaît dans la représentation d'images consacrées, de clichés, comme le vitrail avec « la Sainte », le missel ; d’une poésie de l'illusion (vitrine), purement décorative. b) Le refus d'une poésie du sacré, d'un Beau Idéal 1) Mallarmé refuse aussi la conception métaphysique et esthétique qui veut que tout soit écrit à