MARGINALITE OU EXCLUSION

Bernard Vincent est un historien réputé, auteur de nombreux ouvrages traitant notamment du thème des minorités et de l'esclavage. Le présent écrit est extrait d'un ouvrage collectif intitulé : "Les marginaux et les exclus dans l'histoire", paru en 1979.

La conception de la marginalité suscite de nombreuses interrogations. Qui est marginal ? Celui qui le décide ou celui qui y est forcé ? Comment des gens à priori intégrés dans la société peuvent basculer dans la marginalité ?

De nombreux exemples mettent en valeur, d'une part, le désir de marginalité et d'autre part, la rupture involontaire avec les liens sociaux qui pousse inexorablement à l'exclusion.

Peut basculer dans la marginalité l'individu qui ne trouve pas sa place dans la société, qui refuse les valeurs, la moralité, qui, dès l'adolescence est réfractaire à l'enseignement scolaire, lutte contre l'éducation parentale, ce qui le conduit à une rupture, il va "sortir du rang".

On distingue une sorte de noblesse dans certaines formes de marginalité. Par exemple, l'artiste, le "bohème", personne qui vit au jour le jour, en dehors des conventions sociales, suscitera un sentiment d'admiration, peut-être même d'envie, de la part de gens vivant "dans la norme" et éprouvant une part d'ennui dans leur vie bien structurée ; cette attirance engendrant malgré tout un rejet, pour exemple une citation d'une chanson de Francis Cabrel, "Les Chemins de Traverse", racontant l'histoire de deux vagabonds musiciens : "Mais quelquefois je me souviens Ceux qui nous ont lâché les chiens Et jeté des pierres au visage Ils n'ont rien empêché quand même Puisque le seul métier qu'on aime C'est la bohème et le voyage". Ce type d'asocial, heureux, refusera de rentrer dans le rang, le fait de le repousser ou de le raisonner ne suffira pas à le convertir.

Dans la conscience collective, le marginal même le plus meurtrier peut faire figure de héros, Jules Bonnot, Bonnie Parker et Clyde