Mariama bâ"une si longue lettre": comment se livre dénonce -t- il la condition de la femme?
I/ Le mariage et la question de la polygamie
Ramatoulaye et son amie Aïssatou, à qui elle écrit, on toutes deux fait un choix de mariage alors peu habituel pour l'époque: elles se sont mariées par amour. En brisant les codes ainsi, Ramatoulaye avait d'ailleurs choqué nombre de gens; on lit page 39 « Notre mariage se fit (...) sous les regards désapprobateurs de mon père, devant l'indignation de ma mère frustrée, sous les sarcasmes de mes sœurs surprises, dans notre ville muette d'étonnement ». Le mariage représentait pour la jeune femme l'aboutissement d'un amour sincère et l'opportunité de fonder une famille. Malheureusement, plus tard ses aspirations seront brisées par un geste égoïste de Modou Fall, son mari.
Ces deux femmes ont également un point commun: le choix de leur mari pour la polygamie a bouleversé leurs destins. Aïssatou à vécu cette expérience la première. Victime de la jalousie de sa belle-mère, elle va voir son mari épouser une seconde femme. La petite Nabou est menée à la baguette: elle représente l'image parfaite de la femme selon la belle-mère, et la femme telle qu'elle doit être selon les traditions sénégalaises et musulmanes. Aïssatou étonne alors en décidant de partir, n'acceptant pas le choix de son mari: dans la lettre qu'elle lui adresse, on peut lire p 65 « je me dépouille de ton amour, vêtue du seul habit valable de ma dignité je poursuis ma route. ». Cette attitude représente une femme rebelle qui ne peut accepter que son honneur soit bafoué par le fait de supporter la présence d'une co-épouse. Cette façon de voir les choses est nouvelle: elle traduit les changement des mentalités de certaines femmes sénégalaises qui ne veulent plus