Maupassant
Maupassant, nouvelliste reconnu dès ses débuts, écrivait également pour des journaux comme le Gil Blas, entre autres. À plusieurs reprises déjà, il avait écrit des articles dénonçant la guerre, la qualifiant de «charcuterie hideuse». Le 11 décembre 1883, Maupassant en publie un autre où il se fait le critique des «promoteurs de la guerre», visant plus particulièrement M. de Moltke, stratège de l'armée prussienne lors de la guerre franco allemande de 1870. Mais comment s'y prend-il pour détruire les arguments des défenseurs de la guerre? Comment s'y prend-il pour promouvoir la paix? C'est par l'étude de ces deux aspects que nous découvrirons comment ceux-ci arrivent à se consolider mutuellement pour une meilleure argumentation globale. Face aux propos de M. de Moltke, pour qui la guerre est «sainte» et «d'institution divine», Maupassant réagit. Il attaque d'abord l'homme, puis ridiculise les propos de ce dernier tout en généralisant ses arguments, lesquels pourraient s'appliquer à toute guerre. Dès le début de son article, Maupassant attaque M. de Moltke pour lui soustraire de la crédibilité. Par une antiphrase ironique, laquelle est tout de suite explicitée par la suite, l'auteur qualifie le stratège prussien "d'artiste habile", de «massacreur de génie» en réalité, comme cela est dit un peu plus loin. Le fait de placer les deux périphrases l'une à côté de l'autre crée d'ailleurs une antithèse, ce qui donne davantage de force à l'antiphrase employée et accentue la moquerie. Les mots sont durs aussi: «massacreur» en est un qui donne des frissons. Mais M. de Moltke n'est pas seulement un «massacreur», c'en est un «de génie» et, par conséquent, des plus pervers comme le laisse entendre cette autre antiphrase. En effet, quoi de plus terrible qu'un génie au service du mal! Par sa critique du stratège, Maupassant nous montre donc la partialité de l'homme. Loin de se contenter de railler M. de Moltke, l'auteur