Militantisme
Le rapport populaire au parti fait de remise de soi, de loyalisme et de légitimisme est remise en cause par de nouvelles normes d’excellence militante. La discipline partisane était une manière de réassurer une identité ouvrière ou populaire dignififié indissociable individuel et collective. La valorisation du débat en affirmant les individualités détruit le sentiment d’unanimisme qui contribuait a homogénéiser le groupe et souder le nous collectif. Le développement de l’individualisme, est en contradiction avec l’ethos populaire (caractère populaire). De fait, les militants d’origine populaire se font rares, il y’a aussi la généralisation, au sein du PS, d’une « culture du débat » qui valorise la réflexion collective, la libre expression des militants. Or cette « intellectualisation », en faisant appel aux ressources culturelles personnelles, en technicisant le débat et en dévalorisant le rapport populaire au parti fait de remise de soi et de loyalisme, favorise la relégation des militants les plus modestes. Une militante ouvrière témoigne ainsi : « On n’avait pas besoin de discuter, de débattre parce qu’on avait tous les mêmes idées… Je vois bien dans les réunions maintenant, ils passent leur temps à faire des grands débats intellectuels, y en a qui sont jamais d’accord… »
Ce sont les pratiques les plus ordinaires du militantisme (tractage) qui sont ainsi dévalorisées mais aussi, par conséquent, les dimensions collectives et identitaires de l’appartenance partisane (nuits de collage d’affiches, fêtes de sections) qui se perdent. Etonnamment, le PS semble tolérer, voire encourager, un militantisme distancié. La conséquence en est que la dimension cynique des comportements prend une place prépondérante au sein du parti, où « le militant est un loup pour le militant », selon André (40 ans de parti). Un « univers hobbesien », donc, où l’on « ne s’aime pas, ou peu » et où « rapporter les prises de