Mise en abyme
L'expression utilisée dans le sens sémiologique remonte à André Gide, lequel note dans son Journal en 1893 :
« J'aime assez qu'en une œuvre d'art on retrouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme. »
Or, en héraldique, « en abyme » (ou « en abysme ») ne s'utilise que pour qualifier une petite pièce ou un petit meuble lorsqu'il est en position centrale de l'écu et qu'il ne touche ni ne charge aucun autre ; à l'opposé d'une pièce ou d'un meuble « sur le tout », il est réputé être au fond (« abîmée ») et est nommé en dernier. Il n'y a toutefois pas d'exemple en héraldique classique que cet élément reprenne le motif de l'écu, et il semble donc que l'origine de l'expression ne soit pas à rechercher dans l'héraldique.
Il semble plus probable que Gide fasse référence au genre poétique du « blason », en vogue au XVIe siècle, dans lequel l'auteur fait une description détaillée d'une personne ou d'un objet. Cependant il applique ce principe dans son roman Les Faux-Monnayeurs construit sur une mise en abyme puisque l'oncle Édouard, écrivain, est présenté en train d'écrire un roman intitulé Les Faux-Monnayeurs, dans lequel il cherche à s'éloigner de la réalité, et qui a pour personnage principal un romancier.
Bien qu'attestée par l'Académie française dans la dernière édition de son « Dictionnaire »1, l'orthographe « abyme » — dernier vestige de l'ancienne graphie — a été discutée par certains grammairiens :
« Les théoriciens de la littérature […] ont ressuscité la vieille