Mlas
Suzanne ROBERT CECI Centre canadien d’Études et de Coopération Internationale Montréal
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L'exposé qui suit repose sur une expérience de plus de deux années réalisée par une équipe de coopérants canadiens, dont certains d'origine guinéenne, en République de Guinée. Cette expérience a été menée par le Centre canadien d'Étude et de Coopération Internationale (CECI)1, dans le cadre d'un projet d'appui au renforcement de collectivités décentralisées. Treize communautés rurales de développement (CRD) ont reçu, de septembre 1993 jusqu'en août 1995, l'appui de ce projet. J'ai eu moi-même à finaliser le document initial de projet avant d'agir comme coordonnatrice de terrain. Dans l'invitation qui m'a été faite par le GEMDEV d'écrire un article sur le thème de l'État en Afrique: indigénisations et modernités, axé principalement sur la bonne gouvernance et le processus de décentralisation, j'ai vu l'occasion de jeter un second regard sur ce projet pilote. Mon propos ici n'est pas de présenter une analyse rigoureuse d'une expérience « encore toute chaude ». Je me limiterai à présenter la genèse, le contexte et l'évolution du projet, à cerner les principaux axes d'intervention et enjeux sous-jacents et à avancer quelques réflexions sur les effets et impacts recensés.
INTRODUCTION La décentralisation n'est pas un thème nouveau puisqu'elle découle de l'art de gouverner et concerne en tout premier lieu l'organisation des États. Depuis des temps immémoriaux, les détenteurs du pouvoir ont tenté de stabiliser leurs assises par divers moyens. Parfois, ils ont imposé aux citoyens un fonctionnement de type totalitaire ou, à l'opposé, ils ont invité ces derniers ou ces dernières à participer aux décisions et actions de développement. Les enjeux de l'art de gouverner touchent aux multiples interactions qui se