moderato cantabile
Si le personnage extérieur d’Anne Desbaresdes se résorbe tout entier dans la répétition de l’habitude bourgeoise, c’est aussi cette absence d’identité qui lui permet de s’abandonner à l’inouï du crime passionnel. Plus que par une « psychologie », le personnage durassien est constitué par une absence (de caractère, d’identité, de volonté) qui le rend à la fois ouvert à l’expérience, et tout à fait opaque. Au reste, c’est parce qu’elle est si peu déterminée à l’origine qu’Anne est à même de subir au cours du récit une transformation profonde.
C’est aussi grâce à cette « identité zéro » du personnage que l’identification, ou du moins la fascination, peut facilement naître chez le lecteur. Certains propos d’Anne Desbaresdes trouvent dans des textes nettement autobiographiques de Duras des échos indiscutables. Par exemple, « La difficulté, c’est de trouver un prétexte, pour une femme, d’aller dans un café » (p.41). A comparer avec : « De mon temps pour avoir la force de (…) rentrer seule dans un bar, la nuit, par
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