Modulaire
Le décret définissant les missions prioritaires de l’Enseignement Fondamental et de l'Enseignement Secondaire en Communauté française de Belgique préconise la pédagogie différenciée. Citons : « Chaque établissement d'enseignement permet à chaque élève de progresser à son rythme, en pratiquant l'évaluation formative et la pédagogie différenciée » (article 15).
Philippe Perrenoud,
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation Université de Genève 1996
« En dépit de ces évidences et des analyses de plus en plus précises de la fabrication des inégalités et de l’échec depuis les années 1960, le mode dominant d’organisation de la scolarité n’a guère changé : on groupe les élèves selon leur âge (censé indiquer leur niveau de développement) et leurs acquis scolaires, en « classes » supposées assez homogènes pour que chacun puisse assimiler le même programme durant une année scolaire. À l’intérieur de ces groupes, la différenciation des traitements pédagogiques est très variable. Elle reste parfois très faible : l’enseignement frontal est loin d’avoir disparu des classes, en particulier au second degré.
Comment expliquer la persistance d’une pédagogie qui demeure indifférente aux différences ou qui, dans le meilleur des cas, n’en tient compte que marginalement, dans des proportions assez dérisoires en regard de l’ampleur des écarts ?
Développer une « école sur mesure », selon la formule de Claparède, est le rêve de tous ceux qui trouvent absurde d’enseigner la même chose au même moment, avec les mêmes méthodes, à des élèves très différents. Le souci d’ajuster l’enseignement aux caractéristiques individuelles ne naît pas seulement du respect des personnes et du bon sens pédagogique. Il participe d’une exigence d’égalité : l’indifférence aux différences, comme l’a montré Bourdieu (1966), transforme les inégalités initiales devant la culture en inégalités d’apprentissage, puis de réussite scolaire. Il suffit en effet