Montesquieu considère la démocratie comme une forme de gouvernement au sein d’une nouvelle classification des régimes. Il élabore une typologie tripartite qui distingue républiques, monarchies et États despotiques ; celle-ci se substitue à la typologie classique qui distinguait la monarchie (où un seul homme gouverne), l’aristocratie (où un petit nombre gouverne), la politie (où le grand nombre gouverne), et leurs formes corrompues (la tyrannie, l’oligarchie, et la démocratie) où ceux qui gouvernent le font en vue de leurs propres intérêts. Montesquieu distingue également, au sein de la république, deux systèmes de gouvernement, le régime démocratique et le régime aristocratique : « lorsque, dans la république, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est une démocratie. Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s’appelle une aristocratie » (EL, II, 2). Prônant la modération, il suggère que chaque régime républicain se renforce en évitant l’excès qui le caractérise. Ainsi, la république démocratique doit éviter les formes d’égalité qui par un nivellement trop important sapent toute autorité, et la république aristocratique atteint la perfection lorsqu’elle se rapproche le plus de la démocratie (EL, II, 2, 3).
2Dans L’Esprit des lois, l’utilisation des exemples classiques permet de brosser le tableau d’un régime reposant sur l’amour de l’égalité et de la frugalité, sur l’éducation destinée à renforcer le patriotisme, ou encore sur l’utilisation de l’ostracisme (EL, III, 2 ; IV, 5-8; V, 2-6 ; XII, 19). Bien qu’il décrive la démocratie comme un régime exigeant un pénible renoncement à soi, qui n’est possible que par l’usage d’« institutions singulières » afin d’encourager le dévouement aux besoins communs, certaines de ses remarques témoignent de l’admiration qu’il éprouve pour l’esprit de la démocratie ancienne – au point que certains de ses lecteurs ont pu penser qu’il était partisan de la démocratie. Ainsi David