Nature de l homme
La partie ascendante de la réflexion atteint son point culminant avec la place éminente de l’homme dans la nature, mais trouve là une 1ère épreuve de la contradiction qui la forcera à en redescendre pour rejoindre l’expérience intérieure de la contradiction due aux passions, au dualisme de la nature humaine.
Le tableau de l’ordre de la nature culmine d’abord dans l’espèce humaine : si le moi, fort de la certitude de son existence comme être sentant et jugeant, examine ce qu’il est quand il se rapporte à tous les êtres créés, il constate qu’il occupe par ses facultés, volonté et intelligence surtout, la 1ère place : il « est le roi de la terre qu'il habite » (p. 69) et entretient un rapport privilégié, car théorique et non purement pratique, à l’ordre de l’univers : il est fait pour le tout, note B Bernardi (note 50). Il faudrait être aveugle pour passer à côté de ce privilège extraordinaire et se dégrader, comme le voudraient certains matérialistes, au rang des bêtes : l’homme est «le roi de la terre ». Ce n’est pas seulement la liberté, mais la raison et la contemplation qui élèvent l’homme au-dessus des autres animaux. Il développe des connaissances, la maîtrise des techniques, a la capacité de juger de l'ordre du beau et du bien, la faculté de se représenter cet ordre et de s’y soumettre librement, alors que les autres êtres de la nature sont d'emblée soumis à l'ordre du monde. « Quoi ! je puis observer, connaître les êtres et leurs rapports ? Je puis sentir ce que c’est qu’ordre, beauté, vertu ; je puis contempler l’univers, m’élever à la main qui le gouverne ; je puis aimer le bien, le faire, et je me comparerais aux bêtes ! ». (70) Il faudrait, pour Rousseau, un refus de sincérité, une prédisposition perverse à la dépréciation de soi pour effacer la différence qui nous