Nietzsche text
On a imposé beaucoup de chaînes à l’homme pour le déshabituer de se conduire comme un animal: et, en effet, il devenu plus doux, plus intelligent, plus joyeux, plus réfléchi que tous les animaux. Mais voici qu'il souffre encore d'avoir porté ses chaînes si longtemps, d'avoir si longtemps, manqué d'air pur et de liberté de mouvement: or ces chaînes, je ne cesserai de le répéter, sont les graves et subtiles erreurs des idées morales religieuses, métaphysiques. C'est seulement quand sera aussi surmontée la maladie de chaînes que sera atteint le premier grand but : la séparation de l'homme d'avec les animaux. - Nous sommes maintenant au milieu de notre travail d’enlèvement des chaînes, et il nous y faut la plus grande prudence. La liberté de l'esprit ne doit être donnée qu'à l'homme ennobli ; lui seul voit approcher l’allègement de la vie, baume pour ses blessure; il est le premier à pouvoir dire qu'il ne vit que pour la joie et dans aucun autre but ce soit ; et dans tout autre bouche que la sienne sa devise serait dangereuse : Paix autour de moi et plaisir de toutes les choses les plus proches. -Cette devise pour quelques isolés lui rappelle une grande et touchante parole d'autrefois qui est restée au-dessus de l’humanité tout entière en devise et emblème capables de causer la perte de quiconque en orne prématurément sa bannière,- qui causèrent la perte du christianisme. Le temps n'est pas encore venu, semble-t-il, où il sera permis à tous les hommes de connaître le sort de ces berger qui virent le ciel s'illuminer sur leurs têtes et entendirent cette parole : «Paix sur la terre et plaisir entre eux aux hommes.» - C'est toujours le temps des individus isolé