Nouvelle oriental kali decapitee
L’auteur s'est inspiré des fonds culturels méditerranéen ou extrême-oriental. Le recueil paraît chez Gallimard en 1938 ; Marguerite Yourcenar fait quelques corrections au moment de la réédition du recueil en 1963.
Kali décapitée
Alliant beauté et horreur, Kâli suscite autant le désir amoureux que l'effroi. Si son corps est offert aux hommes sans distinction de caste, des pleurs incessants coulent sur son visage. En elle se conjuguent tous les contraires de la nature.
Autrefois déesse céleste à la pureté lunaire, Kâli n'a pas vu venir la jalousie des dieux envieux, qui l'ont décapitée, avant de descendre aux Enfers, rongés de remords, chercher corps et tête qui y ont roulé. Une ressemblance malencontreuse leur fait joindre le chef sacré au corps d'une prostituée.
Entraînée par la mémoire d'une chair débauchée, la déesse verse des larmes, tandis que la femme s'offre et jouit de la destruction sanguinaire qui naît dans son sillage.
La rencontre d'un sage sans âge en méditation, marque la fin du voyage. Elle lui confie ses sentiments contradictoires, il lui assure que la nature humaine vit de contradictions ; ses paroles aident Kâli à trouver le silence serein.
Elle est représentée nue, , le regard féroce et la langue tirée, portant un long collier, descendant parfois à ses genoux, composé de crânes humains, dansant sur le corps de Shiva, qui en position de cadavre réclame son indulgence, allongé sur le dos.
Elle porte souvent un pagne formé de bras coupés, tient une tête décapitée dans une main, une épée, le pouvoir de la destruction, dans l'autre. La forme Bhadrakali possède plusieurs paires de bras, représentant les points cardinaux. Son culte est surtout développé dans le Bengale, qui inspira nombre de poètes chantant leur dévotion à leur déesse, tel Ramprasad Sen.
Pour le dévot ; elle est vêtue de l'univers, elle est l'image d'une mère protectrice, et les crânes de son collier représentent les 52 lettres du sanscrit.