Nu descendant un escalier
Comme son titre l’annonce, il s’agit de la représentation d’un être asexué descendant un escalier. Or un certain aspect chaotique se dégage de l’œuvre. Chaotique car en réalité, aucun corps tel quel n’est repérable clairement, juste, des formes, des silhouettes se distinguent, comme si le corps serait vu à travers un prisme. Derrière la silhouette la plus clairement reconnaissable (sur la droite du tableau), une trainée de formes semblent la suivre. En s’attardant sur ces formes, on remarque qu’elles sont en réalité la représentation de la même silhouette, sous des formes différentes, il est alors clair, qu’elles sont là pour représenter le mouvement.
Cette ligne droite, répétitive et segmentée, vient découper par son trait affirmé et contrasté de multiples formes géométriques anguleuses et longilignes qui se déploient sur toute la surface du tableau. Le dessin suggère par ailleurs la fragmentation, puisque la panoplie de petits éléments jaunes semble participer à une forme plus grande, centrale, qui se détache d’un fond sombre.
Puisque sur ce fond sombre, en bas à gauche, est inscrit le très évocateur titre de l’œuvre, notre œil est amené à chercher dans cet assemblage géométrique des signes figuratifs qui permettraient de recomposer la forme d’un corps humain. Accessoirement, les angles que forment les droites coïncident avec les endroits où pourraient se situer les articulations des genoux, tandis que la répétition d’un élément arrondi évoquant un bassin permet de situer la taille, les épaules et la tête d’un personnage. Duchamp, avec cette oeuvre, tente de traduire le mouvement au moyen de la peinture, il décompose le mouvement et se désintéresse des détails de la figure humaine qui ne pourraient figer le mouvement. Le thème du nu n’a jamais été peint avec autant d’âpreté auparavant. Par son caractère d’étude,