Nâsser palangi : la peinture contemporaine en iran
Alice Bombardier : J’ai rencontré Nâsser Palangi lors de recherches effectuées dans le cadre de ma thèse de doctorat sur la peinture contemporaine en Iran. Lors de notre entretien, il a parlé avec beaucoup d’émotion de ses souvenirs de guerre et de la fresque qu’il avait dessinée sur le mur de la mosquée de Khorramshahr. J’ai décidé de me rendre dans les régions d’Iran où la guerre avait eu lieu, et j’ai vu que de nombreux iraniens venaient eux aussi visiter ces lieux chaque année (en particulier pendant les vacances de Norouz [4]) et allaient à la mosquée de Khorramshahr pour regarder la fresque de Nâsser Palangi.
Au cours de ce voyage, je me suis imprégnée de cette ambiance propre au Khouzestân [5]. Voir une peinture contemporaine dans une mosquée a été pour moi un sujet d’interrogation. J’ai compris que beaucoup d’habitants de Khorramshahr étaient très attachés à cette peinture ; ils ont même créé un comité de soutien pour protéger cette fresque. C’est grâce à ce comité de soutien d’ailleurs que Nâsser Palangi a restauré il y a deux ans sa fresque, qui avait été peinte au départ avec des couleurs pour voiture (car il n’y avait pas d’autre couleurs en 1982, en pleine guerre, dans cette région ; Nâsser Palangi avait fait le trajet Khorramshahr-Ahvâz en ambulance pour y acheter ces couleurs