Orphée monteverdi
L’extrait proposé provient de l’Orfeo de Monteverdi, opéra créé en 1607 au palais ducal de Mantoue. S’il n’est pas le premier opéra de l’histoire de la musique, il en représente un des exemples les plus achevés à cette époque. Il constitue la première réalisation dans ce genre de la part de Monteverdi alors qu’il était employé par les Gonzague. L’œuvre s’inscrit dans le mouvement initié par la camerata dei Corsi à Florence dès la fin du XVIe siècle. La camerata a tenté de retrouver l’univers de la tragédie antique et de fonder un nouveau genre théâtral : une pièce entièrement mise en musique. Monteverdi s’est également inspiré des avancées de la camerata dei Bardi, qui avait mis en place le style récitatif dès les années 1580.
Tous ces mouvements ont pour objectif principal l’expression des passions et participent à une esthétique commune, celle de la « seconda prattica ». Celle-ci repose sur l’expression du texte qui prime sur la musique, comme le note Caccini : « la musique n’est rien que la parole, le rythme et le son venant ensuite, et non le contraire » (Nuove musiche, préface, 1602). Les moyens techniques privilégient le chant soliste et l’abandon de la polyphonie. Les compositeurs exploitent désormais le style récitatif et représentatif (« représenter » les passions). La basse continue aide à mettre en valeur cette traduction affective : elle soutient la voix soliste de manière plus efficace.
L’Orfeo de Monteverdi se place dans ce courant musical et met en scène les amours d’Orphée et d’Eurydice, livret inspiré de la « fable » antique. Les deux héros sont fiancés et leurs compagnons – bergers et bergères - célèbrent leur prochain mariage dans l’acte I. Les divertissements pastoraux continuent à l’acte II, brutalement interrompus par la Messagère, porteuse d’une nouvelle dramatique : Eurydice est morte. Il s’agit d’une péripétie particulièrement dramatique car elle repose sur un contraste