Le personnage d'Octave Mouret a réussi par les femmes depuis son arrivée à Paris, et en tant que commerçant il continue d'être un tentateur intéressé. Mais il sera à son tour tenté et dominé par Denise et il rendra symboliquement à la gent féminine tout ce qu'il lui a extorqué. Denise résiste longtemps à Octave, puis l'amène progressivement au mariage. Grâce à elle, Octave ne vise plus à exploiter un personnel quasi captif, et pourrait presque en assurer le bonheur collectif. On voit donc bien l'ambiguïté de la démonstration: « Au Bonheur des Dames » est le produit d'une époque fiévreuse et malsaine, la création d'un aventurier du calicot, mais il est en même temps une force d'avenir, un lieu d'échanges, un monde social très riche. Mouret est dynamique, travailleur, audacieux, il ne renonce à rien pour arriver à son but. Grâce à ses coups de maître et à son génie, le "Bonheur" est prospère et laisse apercevoir le commerce nouveau. Il est le symbole de la modernité, du renouveau.
Il traite les femmes comme de la marchandise, les exploite, les méprise, les admire, les séduit. Pourtant, il tombe sous le charme de Denise. Beau garçon, séducteur, élégant, éloquent, gai, confiant dans l'avenir.
Mouret avait l'unique passion de vaincre la femme. Il la voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l'y tenir à sa merci. C'était toute sa tactique, la griser d'attentions galantes et trafiquer de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour, se creusait-il la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles. Déjà, voulant éviter la fatigue des étages aux dames délicates, il avait fait installer deux ascenseurs, capitonnés de velours. Puis, il venait d'ouvrir un buffet, où l'on donnait gratuitement des sirops et des biscuits, et un salon de lecture, une galerie monumentale, décorée avec un luxe trop riche, dans laquelle il risquait même des expositions de tableaux. Mais son idée la plus profonde était, chez la femme sans coquetterie, de conquérir la