Pacte colonial, compagnies concessionnaires, etat en afrique noire
L’esprit du pacte colonial, l’instrumentalisation des Compagnies concessionnaires dans le cadre de la politique européenne d’expansion coloniale, et la promotion du modèle de « l’État providence » en Europe dans l’entre-deux-guerres, marquent profondément le processus de génération de l’État moderne en Afrique noire, et rendent compte de certains de ses caractères contemporains. C’est cette assertion que je vais m’employer à montrer dans mon intervention dans cette conférence instructive que L’Harmattan a bien voulu organiser sur le thème de « L’État et le destin de l’Afrique ». Le pacte colonial Le pacte colonial est un concept qui apparaît au XVIIe siècle dans le contexte de la colonisation du Nouveau monde. On attribut généralement la paternité de ce concept à Colbert, le Contrôleur général des finances de France entre 1665 et 1683, c’est-à-dire, sous Louis XIV. À l’époque, ce concept renvoie à un certain nombre de règles économiques et commerciales qui matérialisent l’idée selon laquelle : « Les colonies sont faites par les métropoles, et pour les métropoles. » Ces règles sont les suivantes1 : 1. l’exportation des produits coloniaux n’est possible que vers le marché de la métropole ; 2. l’importation des produits étrangers est interdite dans les colonies ; 3. la métropole réserve à ses colonies le bénéfice de l’importation de tous les produits coloniaux ; 4. le pavillon étranger est exclu pour les transports entre la colonie et la métropole et viceversa ; 5. les colonies ne peuvent manufacturer leurs matières premières. Ces règles consensuelles en Europe façonnent, au grand jour, la dépendance économique des colonies envers les métropoles.
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Cf. Helly, Henry, L’idée du Pacte colonial d’après Colbert, Thèse de doctorat, Faculté de droit de l’Université de Paris, 1907, p. 12.
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Au XVIIe siècle, ces règles sont définies par les