Paroles
La conception du texte libre (TL), chez Freinet, pourrait rappeler celle que Daniel Pennac a développée à propos de la lecture dans "Comme un roman". En gros : On lit ce qu'on veut, comme on veut, quand on veut, et au besoin on ne lit rien. Ne pas caricaturer quand même cette position, car j'ai le sentiment que les élèves de Pennac ne devaient pas conserver longtemps leur phobie de la lecture.
La conception du TL chez Freinet, me semble-t-il, est similaire : aucune obligation, certes, mais un "savoir faire en sorte que" tous les élèves écrivent. Bien, et beaucoup. Le bonhomme avait plus d'un tour dans son sac, qui valaient bien des règlements officiels.
Nous avons pris des libertés en pédagogie de maîtrise à effet vicariant(PMEV) avec cette position sur la forme plus que sur le fond. Pour trois raisons :
1) Une raison pratique : notre contexte était particulier, avec des enfants qui redoutaient parfois l'école et étaient issus d'une culture ne connaissant pas l'écrit.
2) Une raison théorique : Feuerstein avait mis en garde les pédagogies généreuses contre un risque de dérive "passive et acceptante". La pédagogie FREINET est une pédagogie généreuse, mais néanmoins volontariste : le risque de dérive est infime, mais prévenir vaut mieux que guérir dans un pays ou Piaget, avec sa conception des stades, a parfois favorisé le développent d'attitudes attentistes.
3) Une autre raison théorique : nous voulions prendre en compte l'apprentissage vicariant, que Freinet n'avait jamais cité (le concept a été défini très récemment bien que le phénomène soit aussi vieux que l'intelligence), mais autour duquel il avait sans doute tourné. L'un des premiers méfaits de la scolastique, au sens où Freinet l'entendait et selon ma vision personnelle du problème, est d'avoir dénaturé les formes ancestrales de l'apprentissage, c'est à dire l'apprentissage vicariant, dont la transposition en contexte scolaire faisait il est vrai problème.
Pour toutes ces raisons,