Cet extrait du poème « La Nuit de mai » de Musset évoque une légende qui raconte qu’un pélican se perce le flanc et en guise de nourriture, il offre ses entrailles à ces petits. La Muse parle d’un « divin sacrifice », en effet, le pélican est personnifié, il ne s’agit plus d’un pélican et ses petits mais d’un père nourrissant ses enfants «Partageant à ses fils ses entrailles de père » (v. 18). Le pélican contrairement à ces petits semble fatigué ses petits, très vifs, « Ses petits affamés courent sur le rivage » (v.5) et « Ils courent à leur père avec des cris de joie » (v.8) , « courent » est répété. Ils sont laids et égoïstes ils et ne cherchent qu’à manger « En secouant leurs becs et leurs goitres hideux » (v.9). Le pélican lui, est fatigué et une fois de plus il est personnifié « à pas lents » (v.10) qui illustre son allure digne mais aussi spirituelle il porte son regard vers Dieu « il regarde les cieux » (v.12) il a conscience de son acte sacrificiel. Le pélican cherche de quoi nourrir ses petits et l’étendue de ses efforts est prouvée « en vain », « fouillé la profondeur » (v.14), « océan vide », « plage déserte » (v.15.). Malgré son échec, il ne laisse pas ses petits mourir de faim, c’est un père protecteur « de son aile pendante abritant sa couvée » (v.11). De plus, l’image de son sang qui coule comme le lait maternelle « regardant couler sa sanglante mamelle » (v.20) renforce l’idée de son sacrifice, il s’ouvre la poitrine pour que ses petits aient de quoi se nourrir. Le pélican « sombre et silencieux » (v.17) donne un festin à ses petits de sa propre mort exprimé par l’oxymore « son festin de mort » (v.21). Le « divin sacrifice » du pélican est ainsi associé au sacrifice du Christ, il est conscient de la valeur de son acte.