Penser c'est dire non
Quel sens et quelle valeur accordez vous à ce jugement ?
Face à l’ordre établi, à la publicité des médias et à la pression sociale, nous cédons souvent à la facilité de donner notre assentiment aux opinions communément admises, qui pourtant engagent l’avenir de la communauté, sans pour autant prendre le temps d’une réflexion indispensable sur ce qui pourrait, le cas échéant, les justifier ou les démentir. S’il est clair que cette attitude est pour le moins courante, elle n’en reste pas moins incompatible avec l’exigence de la raison. C’est sans doute ce constat qui amène le philosophe Alain à affirmer que « Penser, c’est dire non.»
Est-ce à dire pour autant, que quiconque prétendrait penser, se complairait alors dans la négation systématique ?
Pour les Latins, pensare signifiait peser. Penser serait donc, d’un point du vue étymologique, apprécier le poids d’une opinion, ou d’une théorie. Penser, c’est donc faire un travail d’évaluation, au sens où l’on accorde ou non un crédit à un jugement donné. Dans ce sens, penser consisterait à échafauder une réflexion propre dans le but d’effectuer une arbitrage rationnel entre des choix alternatifs.
Cette construction qu’est la pensée ne semble donc n’avoir qu’un but : nous rapprocher de la vérité. Pourtant, les égarements de la pensée sont chose courante. Il n’y a qu’à considérer la foule des déductions sommaires et des propos péremptoires qu’on peut entendre par le truchement des médias, pour s’apercevoir que les fruits de l’activité cérébrale humaine sont rarement l’expression de la vérité. Le chemin qui y conduit semble semé d’embûches, et l’esprit humain se perd sans doute trop souvent dans ses méandres. Le premier piège c’est d’avoir l’impression de penser, alors qu’on se contente d’adopter la pensée des autres. Penser, ce n’est donc pas une chose facile, et demande du courage et de la volonté. Volonté et courage que ne doit pas connaître