Peut-on convaincre autrui qu’une œuvre d’art est belle ?
2509 mots
11 pages
Peut-on convaincre autrui qu’une œuvre d’art est belle ? Nicolas BOHLER - Imaginons que vous vous promeniez au Musée d’Orsay avec un camarade, et que vous soyez en extase devant une toile de Courbet, par exemple. Pris dans un élan d’enthousiasme conséquent, vous allez très certainement vouloir partager votre admiration avec votre camarade. Vous allez exalter les traits de génie de Courbet pour sensibiliser votre camarade au talent du peintre. Mais votre camarade, ne voyant aucun fondement à tant de louanges, vous rétorquera rapidement que " les goûts et les couleurs ne se discutent pas ! ". Avouons qu’une telle scène est emblématique du comportement quotidien de l’être humain en général. Dès lors, il convient de se demander si l’on peut convaincre autrui qu’une œuvre d’art est belle. Après un examen minutieux de la question posée, nous verrons s’il est possible de convaincre autrui de la beauté de telle ou telle œuvre artistique, avant de mesurer la légitimité d’une telle volonté ainsi que ses implications ontologiques. La question porte sur la possibilité et la légitimité de convaincre autrui de la beauté d’une œuvre d’art. Comprenons le terme " autrui " comme celui de " semblable ", c’est-à-dire comme celui qui, sans être nous, est comme nous un être subjectif et libre, un sujet. Demandons-nous ainsi si nous sommes en mesure et en droit de persuader notre semblable de la beauté d’une œuvre d’art. {text:soft-page-break} Au vu du problème ainsi posé, il faut tenir pour admis que l’on puisse évaluer la beauté d’une œuvre d’art, d’un point de vue conceptuel. Culturellement parlant, la question présuppose que l’on est souvent tenté de convaincre autrui, que nous avons pour habitude de vouloir à tout prix faire partager notre admiration. Une telle question présente des enjeux conséquents. En effet, il y va non seulement de l’universalité du beau, mais aussi et avant tout du respect de la subjectivité d’autrui. L’enjeu ontologique de la