Peut-on luttere contre l'autorité?
2249 mots
9 pages
Pour l’opinion commune, l’autorité est le pouvoir de prendre des décisions, de commander et de dominer. Elle se caractérise par sa puissance qui lui permet de se faire obéir, respecter et d’imposer sa confiance. Face à un tel pouvoir marqué par une supériorité tant au niveau de la force que de la légitimité, peut-on lutter contre l’Autorité? Le verbe « lutter » semble porter d’abord une dimension de difficulté qui conduit à nous demander si nous avons la possibilité, c’est-à-dire les moyens, de lutter contre l’autorité. Par ailleurs, ce verbe, associé notamment à la préposition « contre », est aussi porteur d’une idée de défense et de résistance qui pose en outre le problème de la légitimité de la remise en cause de l’autorité. Néanmoins il faut prendre soin de s’arrêter sur une dernière fois sur le verbe « lutter »: en effet, lorsqu’on lutte contre quelque chose, c’est pour la voir disparaître. Se pose alors la question de l’existence même du concept d’Autorité. Est-elle nécessaire ou au contraire contingente? Si tel est le cas, est-ce dans notre intérêt de la supprimer? Savons-nous vivre sans?
Tout d’abord, du point de vue de la légitimité, il semblerait qu’on ne puisse pas lutter contre l’autorité. En effet, par essence, l’autorité ne se discute pas. La soumission que l’autorité confère au pouvoir parvient par lui-même à obtenir de ceux qu’il commande une obéissance volontaire qui permet au commandement d’être incontesté. Autrement dit, la limite de toute autorité réside dans sa légitimité. Celle-ci naît lorsqu’il y a consentement de la part de celui qui subit l‘autorité. Il semble donc impossible de remettre en cause l’Autorité, puisqu’à partir du moment où il y a contestation, il n’y a pas de consentement donc pas de légitimité: l’Autorité n’existe pas et la lutte ne peut même pas avoir lieu. Par ailleurs, il semble possible par exemple qu’un individu, se repliant dans son individualisme, veuille lutter contre l’Autorité d’un État démocratique