Peut-on parler de moyennisation de la socièté ?
Cependant, après la seconde guerre mondiale, durant la période de forte croissance économique des « Trente glorieuses » mise en évidence par Jean Fourastié, la tendance à l’augmentation généralisée des niveaux de vie, l’homogénéisation des conditions de vie, marquées par plus de confort, et la hausse massive de la scolarisation ont pu être interprétées comme une « moyennisation » de la société française. La moyennisation peut ainsi être envisagée comme l’idée selon laquelle on assiste à une atténuation des clivages sociaux en correspondance avec le gonflement des couches sociales moyennes aux dépens des catégories privilégiés et des milieux défavorisés. Henri Mendras a donc, conformément à ce constat, élaboré une représentation de la société française en forme de toupie dans La Seconde Révolution Française : 1965-1984 (1988). Néanmoins, l’avènement du chômage de masse, la précarisation de l’emploi et le « retour » des inégalités depuis les années 1980, interpellent ce concept de moyennisation.
Aussi, il convient de s’interroger sur la « validité temporelle » de cette moyennisation et sur sa pertinence. Autrement dit, l’observation d’une baisse généralisée des inégalités a-t-elle été observée au sein de la société française? Cette moyennisation est-elle encore effective aujourd’hui ? C’est pourquoi, après avoir montré que la société française a connu une certaine moyennisation au cours des « Trente glorieuses », nous reviendrons sur