Peut on parler pour ne rien dire
Analyse des termes du sujet
Comme c'est souvent le cas quand un sujet reprend dans sa formulation une expression courante et paradoxale, il est important de commencer par dégager la polysémie implicite que cache l'apparente simplicité de l'énoncé.
Est-il possible de…, avons-nous la capacité de... ?
Avons-nous le droit de ... ? »
Ici, c'est surtout la capacité qui semble être en question, mais en admettant que cela soit possible, on peut encore se demander si cela est permis ou recommandable.
Au sens strict du terme, parler, c'est faire usage d’un langage articulé, oral. (Prendre la parole au sens propre)
Au sens large, c'est faire usage d’un langage quelconque, écrit, oral ou gestuel. (Système de signes)
Peut-on parler pour ne rien dire ?
Dans quel but parlons-nous ? La réponse immédiate est: pour communiquer. Et quelle est la finalité de la communication linguistique ?
Qu'est-ce que ne rien dire :
Ne véhiculer aucune signification quelle qu’elle soit ?
Ne rien dire d’important ou de pertinent ?
Ne pas transférer une information (usage informatif du langage) ?.
La communication linguistique n'a-t-elle pas d'autres fonctions que le simple transfert d'information, comme les fonctions phatique, poétique (dans laquelle la forme compte plus que le contenu) ou performative ?
Problématique
D’où vient le sens ? du langage lui-même ou de l’intention de signifier ? Dit-on quelque chose même quand on ne veut rien dire ?
Y a-t-il d’autres fonctions du langage que celle du transfert d’information ? Une parole dont le but n’est pas d’informer ne dit-elle rien ? Le sens se limite-t-il au contenu informatif du message ?
Une parole insignifiante (sans importance) est-elle pour autant non signifiante (dépourvue de signification) ?
Problème du sens implicite ou du lapsus (acte manqué) : ne dit-on pas toujours plus de chose que ce que nous pensons dire explicitement ?
Quelque