Peut-on soutenir : "à chacun sa vérité"
L’histoire et l’expérience personnelles (le lieu, la date de naissance, l’éducation, etc.) font de chacun un être singulier, radicalement différent des autres. Aucune existence n’étant vraiment comparable à une autre, chacun peut ainsi aspirer à détenir « sa » propre conception du vrai.
Affirmer que chacun détient sa vérité est ainsi une façon de respecter la liberté individuelle et de s’ouvrir aux thèses qui diffèrent des siennes. C’est une forme d’écoute et de tolérance envers l’opinion d’autrui, étant bien entendu qu’on attend les mêmes égards pour la sienne. Par exemple, en Occident, la disparition d’un proche est suivie d’une période de deuil où prévalent la tristesse, manifeste jusque dans le port de l’habit noir, et le recueillement. Or dans certaines tribus africaines, le départ de l’âme est accompagné de chants et de danses multicolores censées rendre la vie dans l’ « au-delà » festive et joyeuse pour le défunt. Chacune de ces traditions est respectable : à chacun sa vérité. Mais comment distinguer le véritable respect de la pensée différente et l’indifférence méprisante ?
Aucune discussion ne peut avoir lieu si elle n’est sous-entendue par la croyance en une vérité unique et commune et en la possibilité, pour l’homme, de l’atteindre et de la reconnaître. Certaines vérités peuvent ainsi à juste titre être qualifiées d’universelles et d’objectives, c’est-à-dire valables pour tous les sujets, indépendamment de leurs différences