Peut-on tout dire?
Nous pouvons considérer que le langage est la faculté de symboliser c'est à dire la capacité que nous avons de représenter le réel par un signe et de comprendre ce signe comme représentant le réel. Mais précisément, le langage a-t-il le pouvoir de signifier toute chose? Le sujet qui nous est ici proposé nous demande de nous interroger sur la capacité du langage à dire, à signifier la réalité. Le langage peut-il en effet rejoindre la totalité du réel ou bien existe-t-il des choses qu échappent à la signification? Autrement dit, y a-t-il de l'inexprimable ou de l'ineffable, comme l'on remarque souvent que “les mots manquent pour le dire“?. Pourquoi les mots feraient-ils d'ailleurs défaut? Il s'agit donc de penser les limites de la signification linguistique. Y a-t-il des choses hors des mots et que les mots ne pourraient rejoindre, une sorte d'au-delà du discours, ou bien pouvons nous tout signifier et tout dire? Gorgias, un sophiste de l'Antiquité, soutenait par exemple que le langage était incapable de nous permettre de connaître le réel et trahissait la pensée. Ainsi, c'est la question même de la vérité qui apparaît ici: si certaines réalités échappent à la possibilité d'une désignation, c'est qu'une partie du réel échappe aussi peut être à la possibilité que nous aurions de tenir sur elle un discours de vérité. Dès lors, le sujet doit nous conduire à une réflexion sur l'insuffisance des mots et sur d'autres modes d'expression qui tenteraient de remédier aux limites du langage ordinaire. Quel est, au fond, le pouvoir des signes et faut-il considérer comme le pensait Eluard que “les mots ne mentent pas“? Enfin, si cette question se pose, c'est que sans doute l'effort de l'homme pour dire le monde scientifiquement, artistiquement, philosophiquement…, n'est jamais achevé et que peut être, tout n'a pas été encore vraiment dit. Cette idée justifirait alors le travail infini de l'expression.
I LA QUESTION DE L'INDICIBLE. “Ce dont on ne peut parler,