Peut on vouloir le mal
Or, ce qui ne semble être qu'une série de distinctions inutiles pour le raisonnement pose en réalité quelques problèmes. Ainsi, dans le cas où l'on entend par mal, tout le mal qui se produit en général dans le monde, on présente un concept qui fait abstraction des différences qui peuvent exister entre les maux, présupposant de ce fait qu'il est légitime d'inclure de manière indifférenciée tous les maux dans le problème. À cette conception du mal, on peut répondre qu'il est raisonnable de vouloir que certains maux disparaissent sans pour autant vouloir la disparition du mal en général.
Par exemple, la peine que provoque un exercice physique ou intellectuel peut être jugé au final acceptable, et justifier ainsi l'idée qu'un monde bon doit nécessairement contenir une certaine proportion de maux. De même, en ce qui concerne les tenants d'une morale de la vertu (comme par exemple les Stoïciens), certaines des vertus qu'il s'agit d'acquérir pour parvenir au bonheur (courage, prudence, etc.) n'auraient aucun sens s'il n'y avait ni adversité ni efforts à fournir. De ce point de vue, l'éradication totale du mal serait une mauvaise chose. On entre cependant alors dans une culture où le mérite de l'acte a plus de valeur que l'acte même.
La formulation qu'il existe une incompatibilité logique entre l'existence du mal et l'existence de Dieu devrait donc être nuancée, car, en ces termes, et suivant la perspective examinée