Peut on vouloir le mal ?
Envisager que l’on puisse vouloir le mal revient donc à prétendre que l’on puisse consciemment et librement choisir le mal, or cela ne va pas de soi. Au contraire, l’existence d’une telle volonté nous paraît proprement insensée, incompréhensible . L’idée qu’un homme puisse être méchant volontairement, que son inhumanité puisse procéder d’un choix nous semble contradictoire. Une telle possibilité est d’ailleurs si ténébreuse pour la conscience humaine qu’on a toujours cherché à imputer la méchanceté, non à une volonté perverse mais à l’action sur une volonté, par nature définie comme inclination au bien, de quelque chose la dépossédant de son propre pouvoir. Qu’il s’agisse du diable ou du déterminisme social ou de l'inconscient, la tendance lourde est d’exempter la volonté de la responsabilité du mal et de considérer avec l’intellectualisme moral que « nul n’est méchant volontairement ».
Pourtant le sens commun résiste à la thèse socratique et les déclarations d’irresponsabilité pénale sont reçues avec scepticisme voire avec colère. C’est que chacun ne peut pas nier qu’il a conscience de mal agir lorsqu’il ne fait pas ce qu’il doit. Il se sait coupable même s’il est tenté de prétendre le contraire et personne ne s’indigne du sort qui attend les criminels et les délinquants. Ils seront jugés or on ne pourrait pas leur demander de répondre de leurs actes si on ne leur en imputait pas la responsabilité. Faut-il donc accepter l’idée qu’il y a, en l’homme une volonté perverse c’est-à-dire une volonté faisant délibérément le choix du mal, voire se réjouissant de faire le mal en sachant que c’est le mal ?
On voit la difficulté à laquelle on est confronté. D’une part il semble que par