Philosophie: aimez-vous les contes?
Le conte est un court récit comportant une histoire et une narration dont on tire un enseignement moral. Jacques Cazotte le voit comme le miroir du pèlerin qui permet de voir le monde tel qu’il est alors que pour Gustave Le Bon, le conte exprime la sensibilité d’une époque. C’est un genre qui est utilisé depuis des temps immémoriaux pour faire passer un message, endormir les enfants et/ou éveiller les adultes. Sa puissance et sa richesse peuvent expliquer sa survie au fil des siècles.
En effet, qui peut dire qu’il n’aime pas les contes ?
Il existe différents types de contes et il nous a semblé difficile de répondre de façon générale à la question posée. En effet, on peut, par exemple, aimer les contes de fées et ne pas aimer les contes philosophiques.
Nous avons donc choisi d’aborder d’abord le conte philosophique puis le conte de fées. Nous appuierons la thèse de la fonction éducative et d’aide à l’éveil desdits contes.
Enfin, nous nous efforcerons d’en montrer les limites.
I – LE CONTE, OUTIL D’EVEIL, D’INSTRUCTION ET DE LOISIR
A – LE CONTE PHILOSOPHIQUE
Paru au XVIIIème siècle, le conte philosophique permet à l’auteur de s’adonner à la critique de la société, du pouvoir en place et d’en fustiger les mœurs mondains, la vie rurale et urbaine, le pouvoir politique, la religion et tout ce qui peut tomber sous sa plume. Le premier avantage du conte philosophique est qu’il permet à l’auteur de s’exprimer tout à fait librement. Il ose dire la vérité. Le cadre rassurant que propose ce type de conte aide l’auteur à déjouer l’intransigeance de la censure qui régnait à cette époque. Le fait n’était pas nouveau. Lafontaine et La Bruyère s’y étaient essayés. L’un dans ses nombreuses fables, l’autre dans son œuvre unique : « Les Caractères ou mœurs de ce siècle », parue en 1688. Le genre était presque obligatoire si l’on ne voulait pas en être réduit à passer sous les fourches caudines pour propos désobligeants ou être embastillé.