Philosophie s - 2010
Philosophe anglais du XVIIe siècle, Thomas Hobbes s’est intéressé aux principes intangibles de la politique et du droit. C'est tout l'enjeu de cet extrait, lequel vise à démontrer la violence intrinsèque des conceptions traditionnelles de la justice et de la politique, la bêtise qui les gouvernent, et la dangerosité qu’elles engendrent
Prenant exemple sur les règles de la géométrie, Hobbes vise à prouver que ces dernières, dépassionnées car détachées des intérêts de l’homme, sont ainsi justes et immanentes.
Aujourd’hui encore, et ce, en dépit des siècles qui nous séparent de l’histoire politique mouvementée de l’Angleterre du XVIIème siècle, cette quête d’un droit juste, débarrassé des archaïsmes de la tradition, fait l’objet de débat, comme en témoignent par exemple les positions par rapport au mariage homosexuel.
Si le droit, en tant qu'ensemble des règles et des normes, générales et impersonnelles, attribuant prérogatives et droits aux personnes, et susceptibles d'une exécution contrainte institutionnalisée (par l’Etat), vise à la fois à atteindre la paix civile et asseoir une certaine forme de justice, il paraît difficilement "extractible" du contexte qui le voit naître. Qu’adviendrait-il par ailleurs si l’éthique, pourtant liée à notre histoire et à la morale, disparaissait du champ de fabrication du droit, ne laissant place qu’à une vision scientifique et scientiste de l’organisation de nos sociétés ? Hobbes nous invite ainsi à nous interroger sur la possibilité et la "souhaitabilité" pour la justice et le droit, institutions gouvernant les relations humaines dans une société donnée, d’être dégagés des intérêts des hommes.
I. Qu’est-ce que le droit : critique hobbésienne de la conception traditionnelle de la justice
A. « La coutume et l’exemple » : la tradition, règle de l’arbitraire, justifie la bêtise humaine…
B. … et la raison, détournée au profit des intérêts particuliers, vident le droit et la justice de leurs objectifs