Philosophie
Pour formuler une loi générale d'un phénomène quelconque, nous devons d'abord rassembler ces expériences isolées sous un même concept. Par exemple, si nous voulons établir la science des orages, il faut d'abord que nous ayons observé un premier, puis un second, puis un n-ième orage et que nous disposions d'un nom commun pour les désigner tous simultanément ; or, au nom de quoi rapprochons-nous l'orage n°1 de l'orage n°2 ? tout simplement en raison du fait qu'à nos yeux, ils se ressemblent. Nous tirons de cette ressemblance superficielle le sentiment qu'ils doivent, par conséquent, obéir aux mêmes lois. Ce type de raisonnement s'appelle une analogie : voilà qui commence mal puisque la logique le condamnait déjà. (Notons que certaines analogies de ce type durent être abandonnées : les Grecs, par exemple, rangeaient dans une même science l'étude du mouvement des astres et des comètes, l'étude des intempéries et l'art des prédictions météorologiques - au motif qu'il s'agissait de phénomènes célestes.)
Ce n'est pas tout. Une fois les concepts établis, il s'agit d'associer plusieurs concepts les uns aux autres sous la forme d'une loi générale supposée décrire tous ces cas particuliers, mais aussi tous les autres cas particuliers non encore observés. Ici, le scientifique opère une induction.
Deux mauvaises nouvelles, admettons-le ; et face à cela, Bacon n'a hélas rien d'autre à nous dire que : "Procédons avec précaution et surtout, revenons fréquemment au réel, reprenons nos observations, vérifions nous suppositions."
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