Xénophane de Colophon & la géométrie de l'Univers
VIIe siècle avant J.-C Xénophane de Colophon fait partie des penseurs grecs pré-socratiques, tout comme Thalès ou Pythagore. Il est né à Colophon, une cité d’Asie mineure qu’il quitta pour la Grande Grèce. Il exerça peut-être le métier de rhapsode (poète itinérant). De ses écrits, seuls quelques fragments nous sont parvenus ; en particulier, son œuvre De la nature s’est en grande partie perdue. Ses opinions nous sont également connues par des écrits rédigés par des auteurs plus tardifs.
Dans l’histoire de la philosophie, Xénophane fait figure d’isolé, bien que ses idées annoncent celles des philosophes de l’Ecole d’Elée (Parménide, Zénon). Xénophane est surtout célèbre pour sa critique de l’anthropomorphisme des religions : « si les bœufs et les chevaux et les lions avaient des mains et pouvaient, avec leurs mains, peindre et produire des œuvres comme les hommes, les chevaux peindraient des figures de dieux pareilles à des chevaux, et les bœufs pareilles à des bœufs »1.
Dans l’antiquité, un penseur était tout autant un philosophe qu’un « savant ». Xénophane, comme les autres penseurs grecs, propose donc une conception du monde, une cosmologie, des explications des phénomènes de la nature. Il considère que « tout ce qui naît et croît est fait de terre et d’eau » : une des premières théories des éléments. La Terre est plate et sa base s’étend à l’infini. Plusieurs soleils et lunes, nuées enflammées, éclairent plusieurs régions de la Terre. Un soleil et une lune parcourent le ciel, disparaissent et sont remplacés par des astres nouveaux chaque jour. L’univers et l’homme sont nés de la boue et retourneront à la boue. Lorsqu’un univers disparaît, un autre le remplace.
On attribue aux penseurs grecs l’invention de la science : une interrogation désintéressée sur le monde, alliant observation des phénomènes et théorisation – bien qu’il leur manquât encore la mise à l’épreuve par l’expérience, indispensable