Philosophie
Locke, philosophie de la connaissance
LHUM 221
M. Baptiste Bondu-Maugein
La théorie du langage de John Locke
Une des plus grandes originalités de la philosophie de John Locke est de faire du langage un problème central de la théorie de la connaissance. C'est ce qui sera reconnu immédiatement par
Berkeley (qui voyait dans le livre III de l'Essai sur l'entendement humain un texte fondamental, soulignant la nécessité de commencer toute entreprise philosophique par une prise en compte de l'importance des mots dans la constitution de la connaissance, et dans l'origine des erreurs).
Pourtant, Locke lui-même en parle parfois comme d'une parenthèse dans son ouvrage : « Ce que j'ai dit sur les mots, dans ce troisième livre, paraîtra peut-être à certains beaucoup plus long que ne le mériterait un sujet de si maigre importance » (III, V, §16). Mais il faut noter que la fin de l'Essai en fait une pièce maîtresse de l'édifice scientifique à venir. A côté de la physique (science de la nature des choses) et de la pratique (science de l'action humaine), il place la “ sémiotique” ou science des
« signes dont l'esprit fait usage pour comprendre les choses ou pour transmettre aux autres sa connaissance » (IV, XXI, §4). C'est en quelque sorte la science qui conditionne les autres (cf. IV,
XXI, §1). Faut-il en conclure que pour Locke le langage apparaît bien comme le cadre indépassable de la connaissance, au-delà même des idées ? Finalement, ne connaissons-nous que des mots ?
D'où viennent les mots ? Pourquoi l'homme en fait-il usage ? « Nous avons besoin de signes de nos idées pour pouvoir nous communiquer nos pensées entre nous aussi bien que pour les enregistrer pour notre propre usage » (IV, XXI, §4). Locke parle ainsi d'un “besoin” du langage en l'homme. Et ce besoin naturel est double. D'une part, l'homme trouve dans le langage un moyen de pallier son manque de mémoire et permet ainsi à la pensée de se conserver et