Phèdre

2241 mots 9 pages
Dans sa Poétique, Aristote fait l’éloge des tragédies à l’action complexe, marquées par une péripétie ou coup de théâtre. Central, cet événement constitue selon lui « un renversement qui inverse l’effet des actions » et qui marque l’arrivée d’un dénouement. Dans Phèdre, tragédie représentée pour la première fois en 1677, Racine a confié cette fonction à la réapparition de Thésée, autorité politique et conjugale absente des deux premiers actes. Phèdre son épouse torturée par la passion incestueuse qu’elle éprouve pour son beau-fils Hippolyte, finit par lui en faire l’aveu à la fin de l’acte II. Au début de l’acte III, la mort du roi semble certaine, sa succession étant ouverte. Objet des suffrages d’Athènes, la reine envoie sa confidente Œnone offrir à Hippolyte, non plus seulement son amour, mais le pouvoir. En l’absence de sa nourrice, l’héroïne demande l’aide de Vénus, en lui déclarant, imprudemment, qu’elle ne saurait « plus loin pousser [l]a cruauté ». Mais cette prière ne dure que douze vers, car Œnone rentre précipitamment et rend compte de ce rebondissement, dans une scène centrale par sa position comme par son contenu, dont on étudiera les six premières répliques. Le dialogue des deux femmes peut se diviser en cinq parties. Œnone rend compte du retour de Thésée (v. 825-831), puis Phèdre affirme son intention de mourir (v. 832-839), qu’elle justifie, dans une longue tirade, par la crainte d’une dénonciation par Hippolyte (v. 839-848), et par ses propres remords (v. 849-859), avant de manifester de la sollicitude pour les enfants qu’elle laissera derrière elle (v. 860-868). Nœud de l’intrigue, le passage constitue à la fois une rupture qui modifie l’équilibre de la diégèse, et un condensé de son déroulement. Phèdre, qui s’y découvre criminelle et déshonorée, dresse son propre acte d’accusation. Elle renoue avec un désir de mort qui marquait déjà le premier acte et qui clôturera la pièce. La machine infernale tragique achève ainsi de se mettre en place.

Le

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