Plaidoirie pour les nauvragés
Emouvant. C’est le mot qui sied le plus pour qualifier le contenu de ce texte. Une émotion qui se mue rapidement en colère face à toute cette injustice, à toute cette légèreté dans la gestion du bateau Le Joola et celle de son naufrage.
Le sujet abordé par Me El Hadj Daouda Seck, lors du Concours international de plaidoirie pour les droits de l’Homme, qui s’est tenu à Caen le 1er février dernier, lui a valu d’être classé 2e de ce concours en quatre langues. Il a honoré le Sénégal avec un thème loin d’être glorifiant pour ce même pays. Mais, lors de ce concours, Me Seck a tenu à être la voix des sans voix dans un dossier où l’irresponsabilité de l’Etat du Sénégal s’affiche de manière insolente.
ImageIl est assez fréquent qu’en prélude à son ouvrage, l’auteur plaque un avertissement, comme une sorte de parapluie opportunément ouvert pour se protéger des éclaboussures de son propos. S’il m’était permis d’en faire autant et au rebours de ce à quoi nous sommes accoutumés, j’aurais dit :
«Ceci n’est pas un conte. Ceci n’est pas un divertissement.»
«Toute ressemblance avec des personnages et situations ayant existé n’est ni le fruit du hasard, ni une malencontreuse coïncidence, mais une tragique réalité.»
Mesdames Messieurs,
Pourtant tout aurait pu commencer comme dans un conte :
Il était une fois, un beau navire qui desservait la liaison maritime entre Dakar, capitale du Sénégal, et Ziguinchor, plus au sud, dans la verte Casamance.
Le Joola, tel était le nom de ce navire, c’était aussi toute une ambiance : les promenades sur le pont où les contacts se nouaient après la cohue de l’embarquement.
Le bonheur de découvrir le ballet des dauphins avant le débarquement.
Le jeudi 26 septembre 2002, vers 23 heures, le navire, qui était prévu au maximum pour 550 passagers, chavirait avec environ 2 000 personnes à son bord.
Combien étaient-elles, combien sont mortes ? On ne le