Plan revolution anglaise
« C'est en Angleterre, dans le dernier tiers du xviiie siècle, qu'est née la grande industrie. Dès le début, écrivait en 1906 Paul Mantoux, son essor fut si prompt et eut de telles conséquences qu'on a pu le comparer à une révolution. » Une conjonction d'avancées techniques réalisées dans deux branches pilotes, avec la mécanisation de la filature du coton et la maîtrise de la technologie de la houille acquise par la métallurgie anglaise au terme de longs tâtonnements, donne le signal des transformations décisives.
• L'industrie cotonnière, premier foyer de la révolution industrielle anglaise
Le travail des textiles, omniprésent dans les campagnes en symbiose avec l'activité agricole, venait largement en tête des activités manufacturières dans l'Europe pré-industrielle. La Grande-Bretagne bénéficiait, en outre, d'une très ancienne spécialisation lainière, grâce à ses troupeaux de moutons et à sa main-d'œuvre bien formée, lui permettant d'exporter largement ses tissus de laine. Au xviiie siècle, cette « vieille » industrie n'est nullement stagnante, ni du point de vue de l'organisation (progrès de la concentration dans le Yorkshire), ni du point de vue technique (la navette volante, inventée en 1733, rend possible la fabrication de pièces de grande largeur, tout en accroissant la productivité du tisserand), mais sa croissance est freinée par le poids des réglementations en vigueur et le manque de matière première locale.
En revanche, la toute récente industrie cotonnière, qui travaille le coton brut importé des Indes, devient le berceau de la révolution industrielle. Elle tire parti à la fois d'une demande en plein essor, portée par la vogue des cotonnades indiennes, de la forte protection du marché national, et d'un heureux hasard technique : la fibre du coton se prête bien mieux que la laine à la filature mécanique. Dès la première moitié du xviiie siècle, le manque chronique de