Pourquoi allons-nous au théatre ?
Renée et Maxime : ils veulent en effet « voir une grande tragédienne italienne » qui leur cause « une émotion particulière ». C’est ce que Victor Hugo rappelle, dans sa préface de Ruy Blas, publiée en 1838 : la « foule » vient chercher des « sensations », elle veut « être amusée ». Et le théâtre procure tout cela rappelle le chambellan dans la pièce Ondine de Giraudoux, jouée en 1939 : il est « plus frai[s] » que la vie, « il ne sent pas le rance ».
Les spectateurs viennent donc y rêver, se divertir, au sens propre du terme.
Le spectacle théâtral a cependant une spécificité : il permet en effet au public de vivre une histoire mouvementée, de l’action, des sensations fortes. Cela convient aux « femmes » selon la préface d’Hugo car elles viennent chercher la « passion », les « émotions », le « plaisir du cœur » ; c’est parce qu’en effet, le dramaturge selon le chambellan d’Ondine peut « faire se dérouler la vie à la vitesse et à la mesure […] de la passion humaine », il peut l’ « accélérer ». Ces émotions sont variées : « Et il pleure et il rit » dit du spectateur Lechy Elbernon. Cela peut aller jusqu’à la catharsis, la purgation des passions vécues intensément par procuration : même si Renée devant l’histoire de Phèdre « sentait passer sur sa chair chaque