Pourquoi faut il chercher la vérité ?
Dans ce texte, Marx explique ce qu'il faut entendre par « moyen de travail ». Être tout à la fois conscient et volontaire, l'homme se distingue radicalement des animaux en ceci qu'il est capable d'interposer un monde d'objets entre lui et la nature – non pas simplement des objets fabriqués, mais aussi et surtout des objets qui servent à fabriquer d'autres objets (c'est-à-dire à produire un travail), et qu'on nommera à bon droit des instruments.
À la différence de l'animal en effet, l'homme est doué de conscience et de volonté : il est capable de se représenter par avance ce qu'il veut faire, capable en d'autres termes de se proposer un « but », lequel sera le résultat de son travail. Se représentant par avance ce qu'il veut obtenir, l'homme peut donc déterminer les moyens qu'il lui faudra déployer : ces « moyens de travail » sont alors constitués de choses ou d'ensembles de choses, primitivement prélevés dans la nature, puis eux-mêmes fabriqués à mesure que la production se complexifie. Le propre du travail humain, c'est donc d'être toujours médiat : le résultat n'est jamais obtenu directement, mais toujours par l'intermédiaire d'un instrument ou d'un moyen. Le moyen de travail a alors un statut particulier : d'un côté, il est extérieur à l'homme (il n'est pas un organe naturel) ; d'un autre côté, il est utilisé comme prolongement de nos organes naturels : si le corps est lui-même l'instrument de la volonté, alors l'outil est un « allongement » de ce corps, en ceci qu'il nous rend capable de produire un effet qui est hors de portée de nos seules capacités naturelles.
Le moyen de travail est donc le point où s'entre-pénètrent intériorité et extériorité : il est volonté objective, ou volonté devenue objet, prolongement du corps propre, intermédiaire entre le travail et le produit du travail ou résultat. De ce fait la terre elle-même devient non seulement « magasin de vivres » (ce qu'elle est déjà pour l'animal), mais aussi « arsenal primitif »