Poésie, bases théoriques (toursel)
I) LE LANGAGE POÉTIQUE
• Stéphane Mallarmé, Crise de vers (1896)
- Mallarmé : opposition aux Parnassiens, « vieux rhéteurs » qui « présentent les objets directement » (Réponse à l’enquête de Jules Huret sur l’évolution littéraire) : il faut, au contraire, qu’il n’y ait qu’allusion.
« L’œuvre pure implique la disparition élocutoire du poète, qui cède l’initiative aux mots » ;
« la notion pure »
← La poésie remédie au « défaut des langues » qui ne peuvent exprimer l’objet par des « touches » sensibles (la consonance des mots n’y est pas porteuse de sens). ← Son pouvoir, né de la capacité à traiter musicalement la phrase en lui donnant une cohérence fondée sur le rythme et les sonorités, lui permet de surprendre le lecteur en évoquant dans son esprit la « notion pure » de l’objet.
• Paul Valéry, « Commentaires de Charmes » (1936)
- Valéry a élaboré une véritable théorie des fonctions du langage en rapport avec ses recherches poétiques. Il oppose la prose et la poésie, en tant qu’utilisations radicalement différents du langage, tant sur le plan de leurs modes de fonctionnement que de leurs finalités. On retrouve ici la spécificité de la fonction poétique du langage telle que la définit Jakobson dans ses Essais de linguistique générale : « l’accent mis sur le message pour son propre compte ».
« La poésie n’a pas le moins du monde pour objet de communiquer à quelqu’un quelque notion déterminée, – à quoi la prose doit suffire. » « Tout autre est la fonction de la poésie. Tandis que le fond unique est exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. »
« Il faut donc que dans un poème le sens ne puisse l’emporter sur la forme et la détruire sans retour [...].»
← Le langage poétique accorde une place prépondérante au signifiant qui détermine le discours. ← La forme constitue donc le ressort de la puissance et de la beauté poétiques.
• Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? (1948)