Prends cette rose
« Prends cette rose… »
Prends cette rose
Prends cette rose, aimable comme toi
Qui sers de rose aux roses les plus belles,
Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moi.
Prends cette rose, et ensemble reçois
Dedans ton sein mon cœur qui n’a point d’ailes,
Il est constant, et cent plaies cruelles
N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.
La rose et moi différons d’une chose
Un soleil voit naître et mourir la rose,
Mille soleils ont vu naître m’amour.
Ah ! je voudrais que telle amour éclose
Dedans mon cœur qui jamais ne repose,
Comme une fleur, ne m’eût duré qu’un jour.
Pierre de Ronsard vécu à la Cour du roi Henry II (1547-1559), dont il fut aumônier et conseiller. Pendant vingt ans, le poète a composé une collection de sonnets « les Amours de Cassandre » dans le style et dans l'inspiration de Pétrarque et des poètes qui ont chanté l'amour de ses dames. Le protagoniste est Cassandra Salviati, muse, séduisante incarnation de la beauté suprême qui a donné à ce travail, la sensualité et la vulnérabilité d'un amour impossible. Le poème « Prends cette rose » est un extrait de « Amours de Cassandra » que nous allons examiner est une forme de sonnet italien, composée de vers decassilábiques, disposée en deux quatrains et deux tercets qui, par défaut et harmonieux rythmique, donnent au sonnet tout son lyrisme. L'originalité de ce poème se situe dans la figuration de la rose, à l'image de la femme et de l'éphémère expérience sentimentale. Dans cette perspective, il est intéressant de démêler les procédures qui traversent le poème résultant de l'imbrication de l'expérience sentimentale et l'écoulement du temps.
Dans le premier quatrain, le poète élève la rose à l'idéal de la figuration de la beauté féminine « Prends cette rose, aimable comme toi »-v. 1, par le biais du processus stylistique de la métaphore. Non seulement, le poète révèle la conscience de la sublimation de son amour, ce